1860-1914
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“Nous avons évoqué l’histoire, et la voici partout ; nous en sommes assiégés, étouffés, écrasés ; nous marchons tout courbés sous ce bagage, nous ne respirons plus, n’inventons plus. Le passé tue l’avenir.” C’est ainsi qu’en 1855, Michelet, dans un accès de pessimisme, décrivait l’engouement du XIXe siècle pour l’histoire. De fait, la pratique de l’histoire, en étroite relation avec les débats contemporains, connaît alors un essor considérable et devient un terrain d’affrontements. Dans la seconde moitié du siècle, le clergé du diocèse de Dijon se lance à son tour dans l’investigation historique. Par goût bien sûr, mais plus encore par souci pastoral. L’étude de l’histoire doit justifier la place et la fonction du religieux dans une société qui tend à le marginaliser comme, précisément, survivance du passé. En un diocèse peu fervent, il apparaît au pasteur que le réveil du passé est à même de ranimer une foi assoupie. Retracer l’action de l’Eglise dans l’histoire de la nation, c’est conjuguer au présent son droit de cité. Rappeler la geste religieuse des ancêtres, c’est reconstruire une mémoire pour les fidèles des temps présents. Enraciner les pratiques dans l’épaisseur historique, c’est leur assurer une légitimité et revendiquer une continuité. De là, les anciens lieux pèlerins, oubliés et désertés depuis la Révolution, deviennent emblématiques d’une appartenance religieuse revitalisée grâce à la réactualisation des traditions par l’histoire. La religion paraît alors devoir s’inscrire au cœur de l’identité, nationale et régionale, comme l’église au cœur du village. Pour le devenir de la religion, comme pour celui de l’ensemble de la société du XIXe siècle, le passé n’eut bel et bien jamais tant d’actualité.