Un crime judiciaire au XIXe siècle
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Imaginez un village de huit cents habitants touchés en huit ans par vingt-cinq incendies criminels : bilan, deux morts, les deux-tiers des bâtiments endommagés… Où ? En France, dans une région prospère, la Bourgogne bressane. Quand ? au XIXe siècle, sous un régime omnipotent, le Second Empire, solidement appuyé sur son appareil militaro-policier et capable de mettre en œuvre une répression judiciaire énergique : quatre procès d’assises, quatorze accusés dont cinq condamnés à mort, quatre aux travaux forcés à perpétuité.
Quarante ans plus tard, un procès devant la Cour de cassation, en 1897, donne à entendre la voix d’un procureur général dénonçant un « crime judiciaire », avant que soit réhabilitée la mémoire de deux des condamnés. Ils avaient vécu plus de vingt-cinq ans au bagne où ils moururent bien avant ce procès de leur procès. Condamnés pour des incendies criminels auxquels ils étaient totalement étrangers, leur seul crime était d’avoir cru en la république sociale de Février 1848.
« L’affaire des incendies de Longepierre » devenue « affaire Vaux et Petit », apparaît par sa durée, sa complexité, comme un cas d’école des rapports entre pouvoirs exécutif et judiciaire, des interactions entre passions individuelles et politiques, des liens entre responsabilités personnelles et collectives. De ses origines sous un régime policier, dans un contexte de répression antidémocratique, jusqu’à sa conclusion sous la république radicale, l’affaire fut politique de bout en bout. Elle se termina sous un régime restaurateur des libertés fondamentales qui n’était pas pour autant à l’abri de déviances graves de la justice, militaire cette fois, dans un climat d’exaltation de l’honneur d’une armée humiliée en 1870-1871, ce que révéla l’affaire Dreyfus. Comme le capitaine Dreyfus et réhabilités par la même Cour de cassation, l’instituteur Vaux et le cordonnier Petit ont acquis leur place dans notre mémorial républicain.